What a coincidence

What a coincidence

Alliot

☽ Je jette un regard par la fenêtre, regardant le petit jeu qui se passe dans la rue en contrebas, fronçant les sourcils. Depuis plusieurs semaines maintenant, j’ai l’impression que des choses étranges se passent. Toujours la même personne qui se pose à l’angle de la rue, les mains dans les poches, capuche sur la tête, il regarde droit devant lui. Puis il fait un petit signe, il est vite rejoint par un homme ou une femme, quelqu’un de différent à chaque fois. A chaque fois il sort la main de sa poche, tapant dans la paume de son visiteur puis remet la main dans sa poche. Je ne le trouve pas discret, il ne faut pas être idiot pour comprendre ce petit manège. Ça sentait à plein nez le trafic de drogue (attention, je ne mets pas dans mon nez cette drogue, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis). Alors j’ai pris des notes. Je mène l’enquête de mon côté. Je pourrais en parler à la bande, mais parfois, je dois avouer, que j’aime bien bosser un peu sans eux. Je les adore, c’est juste que je veux faire certaines choses par moi-même. Je regarde à nouveau dans la rue. Je pense que le dealer n’est que du menu fretin. Premièrement, il n’a pas l’air d’être le couteau le plus aiguisé du tiroir pour dealer aussi ouvertement en plein jour, alors de là être à la tête d’un réseau de drogue… Je suis déjà étonnée que la police n’y ai pas déjà mis son nez. La preuve qu’ils ont besoin de quelqu’un comme moi. Deuxièment, il n’a pas la dégaine d’un leader. Mais par contre, il doit en avoir un et je me demande qui c’est. Je le vois partir et je décide de le prendre en filature. Je prends une grosse veste avant de claquer la porte derrière moi. J’essaye de laisser un peu de distance avec lui, pour ne pas paraître trop louche, mais je ne suis même pas sûre qu’il se rende compte de quelque chose. Quand il prend le bus j’en fais de même. Il descend rapidement, je n’avais pas fait attention et part en vitesse du bus râlant. Pour le coup, il m’a devancé, j’ai perdu sa trace. Je soupire, mettant les mains dans les poches de ma veste. C’est là que je me rends compte qu’elles sont vides. Putaiiiiiiin. Je suis partie sans mes clés. Heureusement que j’ai mon portable, qui lui était dans la poche de mon jean. J’envoie un message à mes colocs, mais aucun n’est à la maison et ils sont tous en cours. Re-putain. Il me reste plus qu’à attendre qu’ils aient fini. Je me rends compte que je ne suis pas loin du Peet’s Coffee, un coffee shop où je me rends régulièrement. Allez, je vais m’y poser en les attendant. Je pousse la porte du café avant de dire à la patronne, Allie. "Salut Allie ! J’aurais besoin d’un café… Bien fort.” Je me laisse tomber sur une des banquettes. "J’ai réussi à m’enfermer dehors…”

Ⓒslyraven

Comme presque tous les jours, Allie venait bosser dans son coffee shop. Enfilant son masque de gentillesse et de bonté, elle était prête pour devenir celle qu’elle n’était pas. Certes, ce n’était pas non plus une torture, elle arrivait a faire ça très naturellement, mais elle devait prendre sur elle quand elle sentait un coup de colère lui prendre. Elle faisait tout ça parce qu’elle devait le faire…
La clochette de la porte tinta, le premier client entra dans la petite boutique. Chaque chose était faite maison, du chocolat chaud aux pâtisseries en tout genre. C’était tout cela qui faisait le succès du petit café, en plus de son côté cosy et chaleureux, à l'image de la patronne.

- Bonjour Allie, un café latte s’il te plaît et une part de carrot cake.

- Ça marche, je te fais ça tout de suite.

Il y avait les habitués, ceux qui venaient tous les matins pour leur petit-déjeuner, ceux qui venaient pour le goûter et ceux après leur journée de travail. Oui, Allie y passait le plus clair de son temps, pourtant elle trouvait le temps de s’occuper des affaires plus importantes. Par chance, elle avait des problèmes de sommeil, dormant peu, ce qui lui donnait une bonne partie de la nuit pour ses petites affaires ainsi que son dimanche.

La journée était bien entamée et Allie ne perdait pas son sourire la moindre seconde. La cloche retentit une nouvelle fois et la brunette se retourna pour saluer le nouveau venu. Son sourire s’agrandit un peu plus en voyant qui venait d’entrer. "Salut Allie ! J’aurais besoin d’un café… Bien fort. J’ai réussi à m’enfermer dehors…”. La patronne haussa un sourcil et prépara la commande de la jeune fille.

- Eh bien, comment as-tu réussi à te mettre dans ce pétrin ?

La jeune Elliot, intrépide et beaucoup trop curieuse pour son propre bien. Elle lui rappelait vaguement quelqu’un, un souvenir trop ancien pour qu’elle s’en souvienne complètement. Mais elle aimait bien cette gamine, la faire tourner en bourrique.
Café bien noir et bien corsé dans une main et un muffin dans l’autre, elle s’approcha de la table ou la détective en herbe s’était installer. Elle déposa le tout devant elle et s’installa devant elle, l’heure de la petite pause était arrivée.

- Le muffin est cadeau, un spécial “mauvaise journée”. Tu as dû sortir rapidement pour ne pas avoir tes clés… J’espère que tu ne les as pas perdus.

Allie semblait sincèrement inquiète, ce qui n’était absolument pas le cas. Elle s’en moquait un peu du fait qu’elle soit bloqué dehors ou non, de toute façon la môme allait s’en sortir.

What a coincidence

Alliot

☽ Il y avait pire endroit pour rester enfermé en dehors de chez soi. Je suis assez contente que le dealer m'ait au moins entrainé jusqu'ici. La chaleur du lieu me réchauffe aussitôt le bout du nez et des doigts. J'avais froid à force de suivre l'autre gars. Quelle idée de faire une filature alors que l'hiver se rapproche à grand pas. On a beau être en Californie, il fait tout de même très frais. "Eh bien, comment as-tu réussi à te mettre dans ce pétrin ?" me demande Allie. Je soupire, gonfla les joues. "Pfiou c'est une longue histoire.” J'enlève ma veste avant de la déposer à côté de moi, sur la banquette, tout en frottant mes mains les unes contre les autres pour tenter de les réchauffer un petit peu. "Y'a un gars devant chez moi que je soupçonne d'être un dealer... Enfin, je le soupçonne, j'en suis même sûre. J'ai voulu le suivre et ... J'ai zappé de prendre mes clés au passage.” L'amour que j'ai pour les enquêtes et le crime n'est pas un mystère. Les quelques personnes autour de moi me connaissent pour foncer bille en tête dans le danger, sans vraiment réfléchir aux conséquences. J'ai déjà raconté certaines de mes aventures à Allie. En attendant que le café arrive, je joue avec les paquets de sucre, tout en me demandant où ce gars a pu disparaitre. Quand je vois le café devant mes yeux, accompagné d'un muffin, je relève le nez avec un grand sourire. "Le muffin est cadeau, un spécial “mauvaise journée”. Tu as dû sortir rapidement pour ne pas avoir tes clés… J’espère que tu ne les as pas perdus." Quel amour, c'est un petit geste que je trouve adorable. "Non non, elles sont pas perdues... Enfin pas que je sache. Mais ouais, comme je disais, je suis partie assez vite. Et aucun de mes colocs n'est à la baraque ou réponds à son téléphone.” Je regarde le mien, dans l'espoir d'y voir un message. Mais non. Juste une notification de Uber eat me vantant un code promo quelconque. "Ça va toi sinon ? Dis, t'as pas entendu de parler de vente de drogue dans ton quartier ?” Je me dis qu'être un petit commerçant peut être pratique pour avoir des oreilles partout.

Ⓒslyraven