Finn était de mauvaise humeur. Peu de personnes auraient pu le dire. Mais a bien y regarder il y avait des signes. La ligne dure de sa mâchoire contractée. Le léger pli entre ses deux yeux qui n’était pas du à la concentration. Le tressaillement nerveux de sa jambe droite alors qu’il était en train de lire les notes du dernier article qu’il allait publier.
Il était déjà en retard pour rendre sa publication.
En même temps, il s’était passé tant de chose dernièrement. La naissance d’Eve en premier lieu. Elle était si petite. Il avait oublié a quel point un enfant pouvait être un tel dévoreur de temps et d’énergie. Quiconque utilisait l’expression « dormir comme un bébé » ne devait pas avoir vu un bébé de près ou de loin. On pouvait entendre les vagissements de la petite à l’autre bout du quartier.
Contrairement à ce qu’il avait pensé, Gemma n’avait pas repris le dessus avec la naissance du bébé. Loin de là. Elle s’en …désintéressait. Et Finn ne savait pas comment s’adresser à elle. La perte de Peter…Ni lui ni elle ne pourront jamais s’en remettre. Juste apprendre à vivre avec. Mais Eve…Elle n’avait rien demandé. Même pas de naitre. Et elle avait besoin d’une mère aimante. Mais comment blâmer Gemma pour son attitude. La seule chose qu’il pouvait faire en tant que mari et père, c’était de soutenir sa femme, et s’occuper de sa fille.
Et puis, il y avait eu la grande révélation.
Il était Pierre Curie.
Ou il l’avait été.
C’était une intime conviction. Une révélation.
Il devait désormais vivre avec cela en plus du reste. Il n’en avait pas parlé à Gemma. En temps normal il l’aurait fait. Elle était sa confidente. Son soutien. Son amie en plus de sa femme. Mais, elle souffrait déjà assez. Alors pourquoi lui infliger cela en plus.
Corrigeant ses notes, assis dans le café, Finn écrivait rageusement en marge de son article. Il était énervé contre lui-même de ne pas être plus concentré. Mais ça, il ne l’aurait avoué pour rien au monde, fier qu’il était.
Il n’avait plus beaucoup de temps. La nounou qu’il avait engagé pour seconder Gemma partait dans une heure et demi, et il n’avait pas fait la moitié du travail qu’il avait prévu.
Avec un soupir, il lâcha son style, et appuyant ses coudes sur la table, il se massa les tempes.
Qu’avait-il fait au bon dieu pour mériter une situation pareille.
Il était en train de songer que rien ne pouvait être pire quand…