À toutes nos soirées d'merde. ➸ Lian

À toutes nos soirées d'merde.

@"?" & Rosamund Flemming

L'homme regarda la carte d'identité qu'il tenait entre les mains avant de reposer son regard sur la jeune femme qui se tenait devant lui. "Vous avez vraiment 21 ans ?" demanda-t-il d'une voix lasse, comme s'il avait l'habitude de la poser. Bellamy fit son plus beau sourire avant de dire. "Bien sûr que j'ai 21 ans ! Aussi vrai que je m'appelle Lily Smith !" L'adolescente avait apprit par cœur les informations notées sur sa fausse carte d'identité, si bien que si on lui posait une question dessus, elle était prête à y répondre. Le videur soupira avant de regarder à nouveau la jeune femme. Ça se voyait bien que cette carte identité était fausse, l'imitation était complétement ratée. Cependant, cette jeune femme avait une jolie plastique et il aimait bien laisser traîner ses yeux sur ses formes. Il ignorait quel âge avait cette jeune femme, mais il trouvait cela un peu triste de la voir jouer autant les adultes alors qu'elle devait venir tout juste d'entrer au lycée. L'homme rendit la carte à Bellamy envie de dire "C'est bon, vous pouvez entrer." Une fille comme ça à l'intérieur, ça aidait à augmenter le chiffre d'affaire, des hommes lui payant des boissons et s'il y avait un problème, il trouverait un moyen pour s'en dédouaner. "Merciiiiii !" dit Bellamy avec un large sourire avant de filer à l'intérieur du bâtiment, avant que le videur ne change d'avis.

Une fois à l'intérieur, Bellamy sortit son portable pour envoyer un message à sa meilleure amie, Carmen. Elle devait la retrouver ce soir et elle voulait savoir où elle était précisément. Carmen était le genre de personne à rester greffer à son téléphone et la réponse fut rapide. "Je v1 pas en fèt" Bellamy soupira, mais elle n'était pas étonnée. Ce n'était pas la première fois que son amie lui posait des lapins. Ce n'était pas la personne la plus fiable qui soit, mais bon, elle restait son amie malgré tout. Bref, ce n'est pas parce que Carmen ne venait pas que cela voulait dire que Bellamy allait rentrer. Elle vit mit du temps pour se préparer, choisir sa tenue, se faire belle... Rien pour ses efforts, elle voulait profiter sa soirée. De toute façon, elle n'avait pas besoin de Carmen pour profiter de la nuit. Bellamy se disait qu'il n'y avait aucuns problèmes que l'alcool ne puisse résoudre. Alors, elle s'installa au comptoir du bar avant de faire signe au serveur. "Je vais prendre un cosmopolitan s'il vous plait." Ce dernier eut un moment d'hésitation avant de finalement servir son verre, se disant que si elle avait passé le vigile, c'est qu'elle devait être majeure. De toute manière, s'il y avait un problème, il n'y était pour rien ! C'est drôle de voir la manière qu'ils avaient de tous se rejeter la faute dans cette boite de nuit.

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Mine de rien, Bellamy était quand même en colère contre Carmen. Elle adorait sa meilleure amie, plus que tout au monde, mais ce qu'elle pouvait être chiante parfois. C'était plutôt ironique, car elle pouvait tout lui confier, mais en même temps, elle savait qu'elle ne pouvait pas compter sur elle. Mais c'était leur manière de fonctionner et elles étaient inséparables. Après son premier Cosmopolitan, la blonde en reprit un deuxième, puis un troisième... Le barman lui jetant bien des regards désapprobateurs, mais il pensait à son chiffre d'affaire et le peu de conscience qu'il avait s'envolait aussitôt. La blonde n'avait pas remarquée l'homme qui s'était assis à ses côtés et sursauta en entendant sa voix. "Hein ?" dit-elle en le regardant. Elle l'observa de haut en bas, adorant scruter des gens dès qu'elle faisait des nouvelles rencontres. Elle se disait qu'il avait les traits plutôt délicats pour un homme. Puis, elle mit un petit moment à se rappeler ce qu'il venait de dire. Pour une fois, elle était plutôt de bonne humeur, grâce aux cocktails. Au lieu de faire, comme à son habitude, sa petite peste d'ado qui détestait le monde entier, après plusieurs cosmopolitans, elle se sentait joviale. Elle répondit avec un sourire avant de dire "Vous aussi vous vous êtes fait lâcher ? Je crois que nos amis se sont passés le mot." Elle eut un petit rire cristallins, s'imaginant la scène. "Je pense qu'on peut créer le club des lâchés et trinquer à ça ?" Son dernier verre étant vide, elle fit un signe au barman de lui en remettre un qui s'exécuta. Une fois qu'elle avait celui ci en main, elle le tendit vers son interlocuteur avant de demander. "Vous en dites quoi ?"

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C'était assez ironique de voir que l'ambiance dans la boite était vivante, alors que Bellamy était là à s'ennuyer. En général, elle était la première à faire la fête ou à danser au milieu de la piste... Du moins quand elle avait un public devant lequel elle pouvait jouer ce rôle qu'elle s'était donné. En dehors de cela, elle redevenait cette fille peu sûre d'elle avec plein de fragilité. Alors, elle avait décidé de le trouver ce public, et elle commença par la personne qui était à ses côtés. Elle sourit, voyant qu'il était réceptif à son idée. "Dans ce cas, je pense que je pourrais en être la présidente." Bellamy avait un peu l'habitude que Carmen lui fasse faux bond. Heureusement qu'elle était sa meilleure amie, sinon demain au lycée, elle lui aurait fait sa fête. L'homme se proposa de lui offrir le verre et Bellamy le remercia d'un sourire. Elle aurait été vexée si elle avait passé la soirée dans cette boite de nuit sans se voir offrir un verre par une personne quelconque. Son amour propre en aurait prit un coup. Elle prit son nouveau verre avant de le lever vers son interlocuteur, prête à trinquer.

"Alors dites-moi, qui est la personne qui vous a lâché ?" demanda-t-elle, d'une voix assez forte, essayant de recouvrir la musique tonitruante. Ce soir, malgré le fait que ça avait mal commencé, elle se sentait d'humeur à faire la conversation. Elle prit une gorgée de son verre, l'alcool brulant coulant le long de sa gorge. Elle se demanda jusqu'à combien de verres elle pouvait boire. Elle avait cours demain et il fallait qu'elle puisse rentrer, et surtout ne pas avoir la gueule de bois. Elle ne pouvait pas utiliser l'excuse de ses règles pour sécher, étant donné qu'elle l'avait déjà utilisée la semaine précédente.

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Bellamy ne put s'empêcher de laisser échapper un rire quand son interlocuteur lui dit qu'un de ses collègues n'était pas venu là pour danser. "Mais les hommes ne viennent jamais en boite pour danser." dit-elle, avec une grande clarté d'esprit, malgré les verres qu'elle enchainait. Elle avait beau n'avoir que quinze ans, elle était sûre de ce qu'elle avançait. Après tout, à force de trainer avec des personnes bien plus âgées qu'elle, elle avait très (trop) vite perdue son innocence. Elle s'était frottée à ces hommes ayant l'âge d'être son père, qui avouait clairement que leur intention n'étaient pas d'illuminer la piste de danse. Elle se demandait même si le principe des boites de nuit n'était pas, au final, de pouvoir conclure. Sinon, pourquoi on irait s'enfermer dans un lieu sombre, blindé de monde, qui puait la transpiration ?

Son interlocuteur se présenta et la blonde en fit de même à son tour. "Et moi Bellamy." Elle avait oublié que sa fausse carte d'identité affichait un autre patronyme. De toute manière, ce n'est pas qui si cette personne allait le vérifier. A moins qu'il était un flic en civil et dans ce cas là, elle serait dans la merde... Une fois de plus. "Je viens régulièrement ici oui... Jamais seule en temps normal" dit-elle avec une petite moue. Elle en voulait encore à son amie pour lui avoir poser un lapin. Une chose est sûre, c'est qu'elle allait l'engueuler au lycée le lendemain.

La nouvelle question de Lian lui arracha un sourire en coin. "Qu'est-ce que tu entends par "ce genre de musique" ? J'ai l'impression d'entendre un daron parler." pouffa-t-elle. Bellamy ne voyait pas ce que cette musique avait d'originale. C'était le genre de son qu'elle avait dans sa bibliothèque musicale sur Spotify et qu'elle écoutait à longueur. "Je sais danser de tout, je suis che..." Elle s'arrêta, manquant de dire qu'elle était cheerleader, ce qui aurait pu être un indice sur son véritable âge. Même si cela existait à l'université, cela pouvait porter la puce à l'oreille. "J'étais cheerleadeuse au lycée."

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Réaliste et pragmatique. Bellamy ne savait pas si ces deux mots pouvaient la définir. Elle avait envie de dire que c'était le cas, que cela faisait parti de ses qualités, mais elle oubliait que la plupart du temps, elle se mentait à elle même, se berçant de belles illusions, pour croire que sa vie était parfaite alors qu'en réalité, elle ne savait même pas ce qu'elle faisait. Elle fut quand même assez étonné quand son interlocuteur lui annonça ne pas savoir que les boites de nuit servaient principalement pour la drague. De quel siècle venait-il ? Peut-être était-il plus âgé qu'il ne laissait paraitre. "Tant d'innocence, c'est touchant." pouffa-t-elle, voulant faire un peu d'humour. Ce qui était ironique, c'était elle l'adolescente ici. C'est d'elle qu'on attendait de l'innocence. Malheureusement, la blonde l'avait perdue bien trop tôt.

L'homme lui dit qu'il était content d'être tombé sur elle, n'aillant pas apprécier de passer la soirée seul. La jeune femme haussa les épaules "Honnêtement, pour ma part, ça dépend de mon humeur du moment. Parfois, j'aime bien venir seule, ça permet de faire des rencontres." Encore une fois, la jeune blonde prenait des risques. Les personnes qu'elle rencontrait n'étaient pas toujours bien intentionnées. Et même si inconsciemment, l'adolescente avait conscience de cela, elle pouvait vite l'oublier face à un joli sourire ou lorsqu'on glissait dans le creux de sa main, l'un de ces cachets aidant à oublier tous ces soucis. "Je suis juste vexée qu'on m'ait planté." reprit-elle en faisant une petite moue. Une chose est sur, elle allait engueuler Carmen. Elles se feraient la gueule le temps d'un cours, se réconcilieraient après, mais il était important pour la blonde de marquer le coup.

Son interlocuteur la questionna sur le cheerleading. Un nouveau haussement d'épaule de la part de l'adolescente. "Si, c'est principalement des danses acrobatiques, mais on apprends quand même des pas de danse plus classique." Surtout avec une capitaine comme Carmen qui voulait être le plus sexy possible. Le cheerleading c'était plutôt démocratisé et le plus important n'était plus d'encourager une équipe, mais d'épater le public. "Des bals militaires ? Ça doit être affreux..." dit-elle avec une petite grimace. Elle ne savait pas du tout ce que c'était, mais ce qu'elle s'en imaginait ne donnait pas envie. Dans son esprit, elle voyait une pièce vide à l'exception de quelques sièges poussés contre les murs, un banquet avec des petits fours sans aucun gout, une musique d'ascenseur, des chuchotements, pas une seule décoration et le tout dans des tons gris, triste... Elle espérait pour lui que ce ne soit pas le cas.

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Son interlocuteur semblait apprécier cette rencontre. Pour sa part, Bellamy ne savait pas encore quoi en penser. La discussion était agréable, mais il y avait quelque chose chez cet homme qui l'interrogeait. C'est marrant, elle qui en temps normal avec une confiance aveugle en la gente masculine, à s'en bruler les ailes, ici, elle voulait se montrer plus prudente. Surement parce que l'homme dégageait quelque chose de prudent et de solennelle qui l'intimidait. Et la blonde n'avait pas l'habitude d'être intimidée, et quand elle l'était, elle ne le montrait pas. Comme dans le cas présent, où elle continuait à afficher son sourire de convenance et de garder une posture fière.

Bellamy était le genre de personne à avoir un avis plutôt tranchée sur les choses. L'adolescente qu'elle était avait du mal à voir les choses de façon plus modérée. Alors pour elle, les bals militaires étaient quelque chose d'affreux. Et quand son interlocuteur lui expliquait que ça ne l'était pas tant, elle avait du mal à y concéder. Elle plissa le nez, faisant une petite moue "Je trouve que c'est quand même bien bizarre. Qui aurait envie de danser en présence de son patron." Bien sûr, elle n'en avait pas encore, alors elle s'imaginait se déhancher en boite alors qu'un de ses professeurs était là. Brrr flippant. Bien entendu, il y avait le bal de fin d'année, pouvant coller avec cette idée, mais c'était différent. Tout le monde savait qu'il fallait rester beau et gentil pendant le bal, mais que les vraies choses se passaient dans l'alter. La blonde fut surprise quand l'homme l'invita à danser. Elle le regarda, hésitante "Je ne sais pas... Est-ce que tu vas faire tes danses de bal militaire ?"

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L'adolescente haussa les épaules aux dires de son interlocuteur, avec toujours peu de conviction. Dans son jeune esprit, elle avait du mal à comprendre ce qu'il pouvait y avoir d'intéressant à faire des bals militaires ou à danser avec son patron. Son esprit restait fermé là dessus et elle n'en démordrait pas. Toutefois, elle n'ajouta rien de plus, ne voulant pas vexer Lian et se contenta de siroter son cocktail. Mais il avait raison, ça ne servait à rien de trouver de travail (même si techniquement parlant, Bellamy ne bossait pas). "Oublier le quotidien, c'est une très bonne idée." dit-elle dans un petit soupir. Après tout, elle ne cherchait que ça. Et à force de vouloir fuir le quotidien, elle risquait de s'en bruler les ailes. Bellamy fut assez étonnée de voir l'homme se rapprocher d'elle et murmurer à son oreille. Elle ne s'attendait pas à cette soudaine proximité physique. Mal à l'aise, elle se recula, un sourire coincée sur le visage. Elle avait bien envie de danser, après tout depuis le début de la soirée, elle tapotait en rythme du pied sur le sol. Mais elle n'avait pas envie de donner de faux espoirs à Lian si jamais elle acceptait sa proposition. Au pire, si jamais il tentait quelque chose de plus, elle le repousserait. "Ok, allons-y alors !" dit-elle avec un petit sourire. Elle sauta de son tabouret avant de rejoindre la piste de danse. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour s'imprégner de la musique, fermant les yeux et se laissant portant par le rythme et l'ambiance générale. Ses mouvements étaient naturels, elle n'avait pas besoin de réfléchir, c'était instinctif et l'espace d'un instant, elle ne réfléchissait plus.